1 jour, 1 Diable: L'enfant Michy est devenu l'homme Batshuayi
C’est sous Mircea Rednic que le talent de Michy Batshuayi a explosé en Belgique.
- Publié le 08-06-2016 à 09h33
- Mis à jour le 08-06-2016 à 09h36
C’est sous Mircea Rednic que le talent de Michy Batshuayi a explosé en Belgique. Tout au long du parcours de Michy Batshuayi au Standard, nombreux sont ceux qui l’ont marqué. Il y eut tout d’abord Dominique D’Onofrio, le premier à avoir cru en lui. "Il m’a toujours soutenu dès mon arrivée, c’était un personnage important pour moi", confiera Michy bien des années plus tard.
C’est d’ailleurs Dominique D’Onofrio qui le lancera dans le grand bain de la D1 le 20 février 2011 à Gand (4-1) où il montera à la 81e minute.
La saison suivante, sous José Riga, il sera le meilleur buteur de la préparation estivale et fera quelques apparitions dans le groupe, mais sera barré par des cadors comme Tchite, Cyriac, Leye ou encore Nong.
L’éclosion de Batshuayi, c’est finalement sous la direction de Mircea Rednic, arrivé au Standard en octobre 2012, qu’elle aura lieu. L’entraîneur roumain, que le Diable Rouge considérait comme son papa, va transfigurer le joueur de l’OM par un simple discours. Avant l’arrivée de Rednic, Batshuayi végétait sur le banc sous Ron Jans.
"Dès le premier entraînement, j’ai compris à quel genre de talent j’avais affaire", se souvient le tacticien roumain. "Mais on m’avait prévenu, lorsque je prenais connaissance du noyau, qu’il était difficile de le gérer et qu’il avait déjà eu des problèmes de discipline par le passé. Je l’ai alors pris entre quatre yeux et je lui ai dit : Michy, avec les qualités qui sont les tiennes, tu dois toujours être titulaire. Explique-moi pourquoi ce n’était pas le cas avant mon arrivée. Il a alors commencé à parler de l’entraîneur, de ses choix, etc. Je lui ai rétorqué : le fautif, c’est toi. Tu n’as certainement pas donné le maximum de ce que tu pouvais faire. Moi, je veux que tu m’obliges à coucher ton nom sur la feuille lors de chaque match."
Pour son premier match à la tête des Rouches, Mircea Rednic faisait confiance à Batshuayi d’entrée de jeu à Genk (13e journée). "Je lui ai dit qu’il allait commencer. Il a alors fait des yeux de grenouille ! Il n’en revenait pas, mais s’est ressaisi et m’a dit : coach, vous n’allez pas être déçu. Et en effet, je ne l’ai pas été car nous l’avions emporté 0-2 et il avait ouvert la marque. Ensuite, il n’a jamais plus quitté le onze de base."
À l’issue de la saison, le Standard se qualifiera pour l’Europa League et le devra en grande partie à Michy Batshuayi et ses douze buts. "Après la saison, il est venu me voir et m’a dit : coach, vous réalisez que sans mes buts, on n’aurait même pas joué les PO1 ! Je lui ai alors dit qu’il oubliait un peu vite tout le travail que l’équipe a consenti pour lui. Il a alors éclaté de rire en disant qu’il blaguait."
Durant la saison 2012-2013, Mircea Rednic n’a eu de cesse de répéter une seule chose à Michy Batshuayi : "Je lui disais de penser à son avenir, que le Standard ne devait être qu’une rampe de lancement. Il avait les qualités pour jouer dans les plus grands clubs. Je ne suis pas surpris, aujourd’hui, qu’on évoque une somme de 40M € pour son transfert."
Pour son ancien coach, Michy peut faire des dégâts cet été en France. "Je ne voudrais pas être à la place de Willy avec une telle génération. Michy doit-il être titulaire ? C’est peut-être encore tôt, mais il souffle dans le dos de Lukaku et de Benteke."
"Le gamin est devenu un homme"
Adjoint de José Riga lors de la saison 2011-2012, Peter Balette était aux premières loges pour la première saison complète du jeune Batshuayi au sein du groupe profesionnel.
"Je me souviens d’un petit gamin toujours souriant qui avait une faim énorme de football. Mais pour Michy, et c’était parfois son problème, tout était pris sur le ton de la boutade. À ses yeux, il jouait encore dans la rue avec ses copains. Il a fallu parfois lui rappeler que c’était du sérieux, mais on n’a jamais eu aucun problème de discipline avec lui."
Aujourd’hui, Peter Balette est impressionné par la trajectoire de l’attaquant de Marseille. "Quand je le vois jouer à l’OM, je le retrouve quand il faisait ses grigris sur le terrain d’entraînement. Par contre, il s’est affiné et la grosse différence, c’est qu’il est devenu un homme dans un environnement assez compliqué."
"Si on le vire, on peut fermer l’Académie !"
Lorsqu’il arrive au Standard, Michy Batshuayi, né en 1993, intègre les U16 de Thierry Verjans. Très vite, le formateur va tomber sous le charme du joueur et ce, malgré l’étiquette de joueur à problèmes qui lui collait à la peau.
"Il y a parfois, en tant que formateur, des gamins qui vous marquent et pour lesquels on peut se dire qu’on a eu un rôle et cela est valorisant. C’est le cas avec Michy. Quand il est arrivé d’Anderlecht d’où il a été mis à la porte, il arrivait avec la réputation d’un garçon difficile à gérer. Fais attention, celui-là, c’est un cas , me disait-on. Pour beaucoup, tôt au tard, il allait passer à la trappe. Je me suis vite épris d’affection pour lui", assure Thierry Verjans.
Mais un jour, après une faute grave, il était question de renvoyer le jeune Michy du centre de formation liégeois.
"Je suis alors monté au créneau. J’ai dit: si on le vire, on ferme le centre de formation car c’est assurément le plus grand talent qui s’y trouve . Et pourtant, personne ne croyait en son éclosion car il véhiculait une étiquette de fou furieux. Michy n’était rien d’autre qu’un adolescent qui devait un peu faire le malin comme n’importe quel ado et ça, on oublie que ce ne sont que des gamins."
Fort heureusement, Batshuayi a été conservé. "Je l’ai retrouvé en U19 et là encore, on me disait qu’il n’y arriverait pas. J’ai rétorqué que s’il ne réussissait pas, on pouvait fermer boutique. Aujourd’hui, je suis content d’être intervenu pour qu’il puisse poursuivre l’aventure. Je ne dis pas que c’est grâce à moi qu’il en est là, mais si j’ai pu contribuer à son développement, j’en suis très content."
Michy Batshuayi brigue un poste d’attaquant numéro 1 à l’Euro. "Déjà à ses débuts, ses qualités étaient hors-normes. Aujourd’hui, cela n’engage que moi, mais Michy présente le registre le plus complet des attaquants de l’équipe nationale. Il sait jouer dos au but, percuter, aller dans la profondeur, avoir une action de classe qui n’est propre qu’à lui. Déjà jeune, ce qui le distinguait des autres, c’était sa capacité à réaliser des actions de grande classe qui faisaient la différence."
"Des heures à soigner sa finition"
Anthony Moris a assisté à l’éclosion du phénomène Michy à Sclessin
Arrivé au Standard en 2008 en provenance d’Anderlecht, Michy Batshuayi a rapidement fait parler son talent à l’Académie Robert Louis-Dreyfus si bien qu’il a vite été surclassé dans les catégories d’âge.
C’est ainsi qu’avant de partager le vestiaire en pro, Michy Batshuayi a côtoyé Anthony Moris chez les Espoirs. Le portier luxembourgeois se souvient très bien de ses premiers échanges avec le jeune Michy.
"C’était quelqu’un de profondément gentil malgré l’étiquette qui lui a été collée à la peau suite à son passage à Anderlecht. On parlait de lui comme d’un voyou, mais c’était tout le contraire, il avait le cœur sur la main et était toujours prêt à rendre service et surtout à l’écoute des anciens."
Sur le plan football, les qualités du jeune Michy sautaient déjà aux yeux. "Intrinsèquement, c’est le meilleur attaquant, avec Mbokani, avec lequel j’ai évolué. Déjà à ses débuts, il était complet. Avec lui, le danger venait de partout. Le vendredi, il marquait trois buts en U21 et le lendemain, redescendait en U19 et faisait aussi bien."
Lors de la saison 2011-2012, Michy intègre totalement le groupe pro. L’occasion pour Anthony Moris de mettre l’actuel Diable Rouge à l’épreuve.
"Après les entraînements, je restais souvent avec les attaquants, surtout lui, pour travailler leur finition. Michy avait une frappe phénoménale. Je n’avais jamais vu ça. Il était également perfectionniste alors que certains lui prêtaient l’image d’un fainéant. Il pouvait passer des heures à frapper au but tant qu’il ne marquait pas, on n’arrêtait pas. On se lançait d’ailleurs des petits défis. Qui l’emportait le plus souvent ? Moi, c’est d’ailleurs grâce à ça qu’il est devenu ce qu’il est aujourd’hui."
Selon son ancien coéquipier, Michy Batshuayi mérite de monter dans la hiérarchie de Marc Wilmots. "Pour moi, il doit être l’attaquant numéro 1 à l’Euro. Autour de lui, il y a des gars virevoltants comme Hazard, Mertens et De Bruyne qui ont besoin d’une pointe qui bouge et crée des espaces. Michy excelle dans ce domaine sans compter qu’il est le roi dans les petits espaces. Son but contre l’Italie résume d’ailleurs toute la palette de l’attaquant complet qu’il est."